Octobre, riche en activités culturelles à Montréal
PARTIE 1 - Théâtre
Le Meilleur des mondes
Théâtre Denise-Pelletier
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En ouverture de saison, le Théâtre Denise-Pelletier a présenté Le Meilleur des mondes de Guillaume Corbeil, d’après le célébrissime roman d’anticipation dystopique d’Aldous Huxley. Du 25 septembre au 19 octobre, ce philosophe britannique revenait nous hanter avec son utopie interrogeant la nature de l’homme et de sa raison.
Ce classique du XXe siècle nous a été présenté dans une mise en scène étonnante de Frédéric Blanchette, épurée et futuristique. Les comédiens - par ordre alphabétique: Ariane Castellanos, Benoît Drouin-Germain, Mohsen El Gharbi, Kathleen Fortin, Simon Lacroix et Macha Limonchik - s’en sont donné à coeur joie dans cette folie collective et contagieuse, en baignant dans un monde anesthésié par la consommation, par le capitalisme qui englobe toutes les sphères de la vie, dicté par les plaisirs spontanés et débridés. Du pur divertissement!
Dans une société où la science et la technologie font en sorte que tout soit parfait, y compris l’émotion humaine, Bernard se sent différent des autres. Deux réfugiés venus d’en dehors des murs et qui ne sont pas sous l’emprise du système viendront transformer sa vie. La célébrité et la gloire qui le frappe éteignent momentanément son mal de vivre. Mais en ce royaume du Bonheur, n’y a-t-il pas quelque chose qui cloche?
Somme toute, la pièce très humoristique trace un portrait bien pessimiste de l’humanité qui semble perdre le sens de son existence et propose de se questionner sur la recherche obsessive du bonheur. Dans toute son absurdité, ce monte fantaisiste nous rappelle bien tristement le nôtre.
Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l'Histoire
est la leçon la plus importante que l'Histoire nous enseigne.
– Aldous Huxley
L’État
Théâtre Denise-Pelletier
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Pendant ce temps, du 24 septembre au 12 octobre, dans la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, se produisait L’État, un texte de Normand Canac-Marquis dans une mise en scène de Martine Beaulne. Juste avant les élections fédérales, ce drame a plongé les spectateurs dans un climat de devoir journalistique, alimenté de scandales, de manipulations et de prise de parole.
Les acteurs principaux, Robert Lalonde et Louise Laprade, ont fait un travail remarquable dans la livraison d’un texte empreint de complexité. Avec des thèmes comme l’adultère, le suicide, le chantage, l’éthique journalistique et le déclin de la presse écrite, il y avait beaucoup de nuances avec lesquelles jouer.
À la veille d’une élection, Solange Speilmann, éditorialiste au journal L’État, reçoit des pressions du ministre de la Sécurité publique pour manipuler les informations quant aux sondages qui lui sont défavorables. En coulisse de l’information, un débat s’entame avec son rédacteur en chef, qui s’avère être son ex-mari et qui risque lui aussi d’être éclaboussé. Que doit-on réellement révéler au peuple?
Madame Catherine prépare sa classe de troisième à l'irrémédiable
Théâtre Prospero
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Au Théâtre Prospero, du 24 septembre au 12 octobre, c’est Madame Catherine prépare sa classe de troisième à l’irrémédiable qui revenait sur les planches, après avoir connu un succès lors de son adaptation en version française au printemps 2018. Cette comédie noire de l’autrice Albertaine Elena Belyea, traduite par Olivier Sylvestre, met en scène une enseignante de primaire qui passe du profilage racial à l’obsession sécuritaire, avec en arrière-plan la crainte viscérale d’une tuerie de masse.
Quoique nous avons trouvé que la pièce s’adressait surtout à un jeune public, le sujet n’en reste pas moins pertinent. Est-ce le rôle d’un professeur de préparer sa classe à un éventuel drame? Jusqu’où faut-il aller dans les informations d’actualité qu’on donne aux enfants?
La comédienne Alice Pascual interprète seule sur scène (mis à part quelques minutes où l’ont voit le directeur de l’école) le personnage de Madame Catherine qui interagit avec son public prenant le rôle de ses élèves à l’écoute de son enseignement du jour. La pièce dramatique est saupoudrée d’humour, ce qui rend le personnage attachant.